COURS D'HISTOIRE DE LA SOCIÉTÉ DE MARIE
Auteur : Jean Coste S.M.
PREMIÈRE CONFÉRENCE
PRÉPARATIONS - 1786-1812
Principaux documents à consulter:
OM 1, pp. 123-166. Pour Jeanne-Marie Chavoin: OM 2, docc. 730; 759, §§ 1-6; 761. Pour Jean-Claude Courveille: OM 2, doc, 718. Pour Marcellin Champagnat: sa Vie par un de ses premiers disciples, chap. I-II; OM 2, doc. 755. Pour Jean-Claude Colin: OM 2, docc. 499; 527; 548; 578; 704. OM 3, docc. 819, §§ 126-134; 852, §§ 1-5.
Pour bien comprendre l'histoire de la fondation de la Société et de ses premiers développements, il importe d'avoir fait connaissance avec ceux qui seront appelés à y jouer un rôle décisif : le promoteur de l'idée, Jean-Claude Courveille, et les fondateurs des trois branches des pères, frères et soeurs maristes. Présenter rapidement ce que fut l'enfance de ces quatre personnages permettra par ailleurs de repasser à grands traits l'histoire du temps qui a précédé l'apparition de la Société et qui en grande partie l'explique. On s'efforcera donc en cette première conférence de rassembler les données essentielles sur les enfances de Jean-Claude Courveille, Jean-Claude Colin, Marcellin Champagnat et Jeanne-Marie Chavoin, aux trois périodes successives de l'ancien régime, de la révolution et de l'empire.
1
ANCIEN RÉGIME
Les quatre personnages qui nous intéressent sont nés avant la grande révolution française ou du moins, en ce qui concerne le plus jeune des quatre, Jean-Claude Colin, avant qu'elle n'ait fait sentir ses véritables effets sur le plan local.
La France est alors une monarchie dotée d'institutions en partie médiévales et démodées, divisée en une mosaïque de circonscriptions religieuses, financières, militaires, judiciaires, qui ne se recouvrent pas. Le pays, qui compte environ vingt-six millions d'habitants, est aux neuf dixièmes agricole, mais une bourgeoisie en plein essor économique sera la tête de la révolution, dont elle tirera le principal profit.
Les familles sont nombreuses, mais la mortalité infantile encore considérable. La plupart des paysans travaillent la terre d'autrui comme fermiers ou métayers, ceriains méme comme journaliers, mais beaucoup sont propriétaires de leur lopin de terre et certains exercent un petit métier complémentaire. Une forte proportion d'entre eux est íllettrée. C'est de la classe des cultivateurs propriétaires possédant un minimum d'instruction que proviendra la majorité des garçons qui entreront au séminaire après le rétablissement du culte en 1802, notamment un Jean-Marie Vianney et la plupart des premiers Maristes : Colin, Champagnat, Déclas (cf. doc. 25). Toujours dans l'ambiance rurale, l'artisanat et le petit commerce local fourniront aussi des vocations, telles celles d'une Jeanne-Marie Chavoin et d'un Jean-Claude Courveille. Plus rares sont les fils de fermiers que les parents pourront faire étudier pour devenir prétres; ce sera le cas, pourtant, d'un Antoine Jallon, d'un Etienne TerrailIon. Les premières recmes de la Société viennent donc de familles modestes et la plupart ont connu la rude vie de la campagne. On se gardera pourtant d'exagérer la « pauvreté » du milieu social dont ils sont issus et qui correspond à la couche la moins défavorisée de la paysannerie.
Religieuscment, la France est presque entièrement catholique. Si la pratique dominicale est souvent assez irrégulíère, la pratique pascale, sanctionnée par les lois du royaume, est quasi-unanime. Marlages et sépultures sont toujours religicux, et c'est le curé qui en rédige, tout comme des baptêmes, les seuls actes officiels. On a affaire à un conformisme général qui n'exclut pas la sincère fidélité de beaucoup et la ferveur d'une minorité que la persécution révolutionnaire révélera.
Les circonscriptions ecclésiastiques, dont l'origine est souvent très ancienne, ont une physionomie fort différente d'aujourd'hui. Coutouvre et Saint-Bonnet-le-Troncy, où naissent Jeanne-Marie Chavoin et Jean-Claude Colin, sont du diocèse de Mâcon; Usson et Marlhes, où naissent Jean-Claude Courveille et Marcellin Champagnat, sont du diocèse du Puy. Mâcon, c'est la Bourgogne. Le Puy, c'est presque le midi. Les habitants d'un de ces diocèses sont alors pratiquement destinés à ne jamais rencontrer ceux de l'autre. Rien n'est humainement plus improbable que la convergence de ces quatre enfants pour la fondation d'une société religieuse dans le diocèse de Lyon.
Deux mots maintenant sur chacun d'eux :
Le 29 août 1786, naît à Coutouvre Jeanne-Marie Chavoin, fille de Théodore Chavoin et Jeanne Verchère, mariés depuis trois mois seulement. Malgré cet accroc initial, ses parents semblent avoir eu de solides convictions religieuses. Théodore sait lire et écrire; il est tailleur d'habits et avec le temps il acquerra péniblement un petit bien qui fera de lui un « propriétaire ». Au centre du bourg, la boutique du tailleur est un des lieux de rencontre du village. Accoutumée très jeune au travail et aux relations sociales, Jeanne-Marie sera une fille d'esprit ouvert et entreprenant, sachant s'intéresser aux autres et les comprendre.
Le 15 mars 1787, Jean-Claude Courveille vient au monde à Usson, bourg assez important relevant pour moitié du Forez et pour moitié de l'Auvergne et rattaché au diocèse du Puy. Sentimentalement, c'est ce dernier lien qui est le plus fort et il jouera un rôle décisif dans la vie de Jean-Claude. Les parents de ce dernier sont marchands de dentelle. La fabrication de cet article est une forme d'artisanat typique de la région et a son centre au Puy. Tout près du bourg, dans l'antique sanctuaire de Notre-Dame de Chambriac, est réunie une congrégation religieuse féminine locale dédiée à la sainte Vierge et dont fait partie une des tantes de Jean-Claude.
Le 20 mai 1789, naît à son tour Marcellin Champagnat. Ses parents sont de la paroisse de Marlhes, mais habitent un petit hameau, le Rosey. Le père est cultivateur et meunier. Dans un pays comme la France, où le pain est l'aliment de base, tout le monde dépend du meunier, qui est généralement un personnage. Marcellin tiendra de son père un tempérament actif et entreprenant et infatigable au travail. Là aussi les convictions religieuses sont solides.
Le 7 août 1790, enfin, Jean-Claude Colin naît dans la paroisse de Saint-Bonnet-le-Troncy. Dans un hameau écarté, les Barberies, ses parents cultivent une terre qui leur appartient et durant la mauvaise saison s'adonnent au tissage. Avec cette double ressource, la famille vit sans difficulté. Le grand-père raconte aux enfants les histoires de la bible et récite chaque jour le petit office de la sainte Vierge. Le tempérament familial paraît empreint de ténacité et de réserve.
2
LA RÉVOLUTION (1789-1799)
Sur ses causes et son déroulement, voir les manuels d'histoire de France. Mais il est indispensable de rappeler quelques dates intéressant l'histoire religieuse.
Réunis en mai 1789, les Etats généraux se muent le 9 juillet en assemblée constituante et le 14 juillet une émeute s'empare de la Bastille. Le 4 août, l'assemblée vote l'abolition des privilèges. Le 15 janvier 1790 est décrétée la division administrative de la France en départements. Le 12 juillet 1790, l'assemblée vote la constitution civile du clergé: les évêchés correspondront aux départements; évêques et curés seront élus et payés par la nation, tous les biens du clergé ayant été vendus comme biens nationaux. Foncièrement schismatique, cette constitution est approuvée par Louis XVI le 24 août 1790, et une loi du 26 décembre 1790 impose à tout prêtre d'y prêter serment. Ce n'est que le 10 mars 1791 que Pie VI, longtemps hésitant, prononce une condamnation formelle. Entre temps, beaucoup de prêtres ont prêté serment dont certains seulement se rétractent. La rupture est complète entre le clergé constitutionnel ou jureur et le clergé réfractaire ou insermenté, resté fidèle au pape. Ces derniers sont destitués et, à partir du 29 novembre 1791, passibles de déportation ou d'emprisonnement. En bien des cas, ils restent clandestinement dans leur paroisse et administrent des sacrements en cachette.
Sous la Terreur, de juillet 1793 à juillet 1794, le culte constitutionnel lui-même devient suspect et les prêtres poussés à abdiquer leur sacerdoce. Des cultes civiques sont institués. Le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), la chute de Robespierre apporte une accalmie. Les églises se rouvrent au printemps de 1795 et les prêtres réfractaires regagnent en grand nombre leurs paroisses. Mais sous le Directoire, en 1797, la persécution reprend de plus belle et avec elle le culte catholique caché, entretenu par un réseau de missionnaires solidement organisé. L'arrivée de Bonaparte au pouvoir (coup d'Etat du 18 brumaire an VIII - 10 novembre 1799 ) sonnera la fin de la période révolutionnaire et ouvrira la porte à l'apaisement religieux.
Voyons rapidement comment s'est traduite cette crise dans les quatre communes où grandissent les futurs fondateurs de la Société:
A Coutouvre, le curé, M. Guillermet, refusa de prêter serment. En juin 1791, il fut remplacé par un curé jureur, M. Fillon, et autorisé à rester sur place sans exercer de ministère. Il l'exerça pourtant en cachette mais, après une échauffourée où le sang coula, il fut arrêté et déporté en Italie, où il resta d'octobre 1792 à octobre 1795. Une grande partie de la paroisse accepta durant ce temps les services de Fillon, cependant que les catholiques fidèles avaient recours aux prêtres réfractaires cachés dans la région grâce à la complicité de quelques familles. Même aux pires heures du comité de surveillance révolutionnaire de Coutouvre, il ne semble pas que la situation ait été véritablement dramatique au village. Quant aux Chavoin, ils ne sont pas signalés parmi les familles qui donnèrent asile aux prêtres réfractaires, mais ils recueillirent chez eux et gardèrent jusqu'à sa mort en 1818 un ex-chanoine originaire de Coutouvre qui avait prêté le serment, abdiqué son sacerdoce et qui mit longtemps, semble-t-il, à se réconcilier (cf. doc. 730). Forme de charité qui, pour n'avoir point l'auréole de l'héroïsme, n'en est pas moins réelle et témoigne de cette compréhension délicate des misères humaines qui sera plus tard un des traits de Jeanne-Marie. En octobre 1795, M. Guillermet rentra dans sa paroisse, d'où l'intrus Fillon avait fui depuis plus d'un an.
A Usson, le curé Chassaignon, qui avait refusé le serment, dut, en juin 1791, céder la place à son vicaire, Fraisse, qui, lui, avait juré. Mais il ne semble pas qu'il ait quitté le pays. Les religieuses de Notre-Dame de Chambriac furent dispersées et ce fut la famille Courveille qui eut l'honneur de cacher chez elle l'antique statue miraculeuse de Marie autour de laquelle s'était formée la congrégation. Madame Courveille emmenait souvent ses enfants prier en secret devant la statue et c'est là sans doute que Jean-Claude acquit sa profonde dévotion à la Vierge.
A Marlhes, la révolution ne paraît pas avoir introduit de sanglantes divisions. Le curé Allirot prête le serment et reste à son poste, en se cachant durant la Terreur. Jean-Baptiste Champagnat, père de Marcellin, accepte la présidence du comité révolutionnaire, sans doute pour éviter le pire. Il reçoit chez lui sa soeur Rose, religieuse chassée de son couvent par la révolution. Cette pieuse femme contribue à la formation religieuse profonde des enfants, et Marcellin restera toute sa vie marqué par ses enseignements.
A Saint-Bonnet-le-Troncy, au contraire, les luttes religieuses furent extrmement âpres. Le curé Cabuchet prêta serment le 6 janvier 1791 et, au mois de mai, voulut lire en chaire l'instruction pastorale de l'évêque constitutionnel. La réaction de la paroisse l'en empêcha (cf. doc. 704). Il rétracta alors son serment. Trois curés constitutionnels furent envoyés à Saint-Bonnet sans pouvoir s'y maintenir et, sous une municipalité favorable où figurait Jacques Colin, père de Jean-Claude, M. Cabuchet put même reprendre son poste durant quelques mois. Mais ìl fut dénoncé, déporté, et une nouvelle municipalíté mit l'ancienne en accusation. Jacques Colin, ouvertement compromis avec le curé réfractaire, vit un mandat d'arrêt lancé contre lui. Il dut se cacher durant un an; les scellés furent apposés chez lui et ses biens vendus. Réhabilité après le 9 thermidor, il mourut le 9 juin 1795, moins de trois semaines après sa femme. Les enfants furent placés sous la tutelle de leur oncle ( cf. doc. 5 ). En octobre 1795, M. Cabuchet rentra à Saint-Bonnet et y reprit publiquement le culte, mais sous la persécution du Directoire ìl dut se cacher et organisa dans sa paroisse un culte clandestin. Les messes nocturnes dans les granges auxquelles assistait sa famílle ont vivement frappé Jean-Claude, déjà âgé de sept ans, non moins que l'histoire vite embellie de la période héroïque précédente où ses parents apparaissent comme victimes de leur attachement à la religion. D'ores et déjà, c'est un garçon solitaìre qui aime à se retirer dans les bois pour lire et penser.
On retiendra surtout de ces brèves indications historiques l'extrême diversité des situations créées par la révolution et l'inexactitude qu'il y aurait à colorer uniformément d'héroïsme la fidélité à la cause catholique qui, sous des formes très diverses, caractérisa l'attitude des quatre familles considérées.
3
CONSUI.AT ET EMPIRE
En novembre 1799, le général Bonaparte renverse le Directoire et instaure une république consulaire sous le couvert de laquelle se renforcent son prestige et son pouvoir personnel. Consul à vie le 2 août 1802, proclamé empereur le 18 mai 1804, Napoléon est sacré par Pie VII le 2 décembre suivant. C'est sous l'Empire que s'effectuera la formation de ceux qui devaient donner naissance à la Société de Marie.
Soucieux d'apaisement religieux à des fins de sage politique, le premier consul conclut avec le pape Pie VII un concordat signé le 16 juillet 1801 et mis en application à la fête de Pâques suivante, 18 avril 1802. Liberté était rendue au culte, qui allait se réorganiser rapidement dans le cadre d'une nouvelle circonscription diocésaine où le nombre des évêchés se trouvait considérablement réduit.
Le diocèse de Lyon est un des principaux bénéficiaires de cette réforme. Comprenant désormais trois départements, le Rhône, la Loire et l'Ain, il devient le plus grand de France, et c'est alors que les communes périphériques de Coutouvre et Saint-Bonnet, Marlhes et Usson viennent à faire partie de cet immense ensemble, qui comprend également Belley et Cerdon. Cette donnée de géographie religieuse commande l'histoire des origines maristes, car c'est elle qui a permis la convergence des individualités qui allaient former et réaliser le projet de Société de Marie.
A la tête de cet immense diocèse est placé le propre oncle de Napoléon, Mgr Fesch, bientôt cardinal. Excellent administrateur soucieux du recrutement de son clergé, il donne une impulsion vigoureuse au développement des séminaires, favorisant ainsi sans nul doute l'éclosion de vocations dont plusieurs se trouveront à l'origine de la Société de Marie.
C'est dans cette atmosphère de liberté religieuse retrouvée et de la réorganisation diocésaine que les quatre enfants dont on suit ici la préparation accèdent à l'adolescence et voient se décider leur avenir.
- Jeanne-Marie Chavoin, après une éducation sans doute assez sommaire sur laquelle on ne sait rien, apparaît, dès après le rétablissement du culte - elle a seize ans en 1802 -, comme une auxiliaire paroissiale appréciée se chargeant de la sacristie, de visites aux malades et autres services. En 1806, un séminariste en convalescence à Coutouvre, l'abbé Philibert Lefranc, y fonde une « association de l'amour divin » où Jeanne-Marie joue un rôle important. Elle s'y forme à l'oraison et autres pratiques religieuses et charitables. Des propositions de vie religieuse lui sont faites par le couvent voisin de Pradines, que madame de Bavoz oriente vers la vie bénédictine, et le cardinal Fesch, ami du couvent, essayera lui-même par deux fois de faire entrer dans telle ou telle congrégation cette jeune fille dont la vocation religieuse semble claire. Elle ne se laissera pas décider. Même refus de se joindre à une communauté à Belleville et où se rend pourtant son amie Marie Jotillon. Son directeur, M. Lefranc, déclare à cette occasion à Jeanne-Marie qu'elle est faite "non pour une communauté commencée mais pour une à commencer". La prophétie s'avérera exacte quelque temps plus tard, quand Jeanne-Marie sera appelée à former la branche féminine de la Société de Marie ( cf. doc. 761 ).
- Jean-Claude Courveille eut dès la fin de la période révolutionnaire une enfance malheureuse. Pratiquement aveugle à l'âge de dix ans comme conséquence d'une variole mal soignée, il ne peut étudier. A quinze ans, il perd son père et il est aisé d'imaginer la croissance de cet adolescent infirme dont sa mère n'a sans doute guère le temps de s'occuper. Frustration affective, condamnation aux longues rêveries solitaires, expliquent sans doute en grande partie ce déséquilibre de la sensibilité et cette sexualité aberrante qui pèseront si lourd sur l'avenir du jeune homme et de l'adulte.
En 1809, au cours d'un pèlerinage à la cathédrale du Puy, il est guéri subitement de sa cécité après une onction avec l'huile des lampes du sanctuaire (cf. doc. 718, § 3). Il décide peu après d'être prêtre et sans doute commence-t-il à rattraper le retard de ses études avec son oncle maternel, l'abbé Beygneux, curé d'Apinac, tout proche d'Usson. C'est en 1812 qu'en la même cathédrale du Puy il aura l'inspiration de la fondation de la Société de Marie (cf. conférence suivante).
- Marcellin Champagnat reçut sa première éducation scolaire d'un maître brutal et ne put étudier que difficilement. Il devait voir plus tard dans ce fait le premier germe de son idée de fondation de frères enseignants. Sur le plan familial, par contre, il reçut de son père une excellente formation à plusieurs métiers, dont celui de maçon, ainsi qu'au sens de l'initiative, toutes choses qui lui furent fort utiles dans son oeuvre de fondateur-bâtisseur.
Recruté par un professeur du grand séminaire en tournée dans le pays, il entre à la Toussaint 1805 en septième au petit séminaire de Verrières, où il reste jusqu'à la fin de sa philosophie en juillet 1813. Ses études demeurent difficiles jusqu'au bout, mais sa conduite y apparaît en progrès (cf. docc. 9 et 22). Sur son état d'esprit vers la fìn de son petit séminaire, on lira avec intérêt le doc. 17.
- Jean-Claude Colin fréquente, au sortir de la révolution, l'école de soeur Marthe, brave religieuse sécularisée. Sa famille s'est transportée au bourg même de Saint-Bonnet, dans une maison proche de l'église. Jean-Claude garde les vaches, sert la messe, fait de fréquentes visites à l'église, notamment à une image de Notre-Dame des sept douleurs (cf. doc. 509). Marie prend, dans la dévotion de ce garçon orphelin avide de solitude et de prière, une place de choix.
Lorsqu'il a quatorze ans, le départ du vieux curé Cabuchet et son remplacement par un autre plus expéditif détermine chez l'adolescent une crise de scrupule. Il doit être préparé à part à sa première communion (cf. docc. 548 et 578). C'est à cette époque que, sur l'invitation de son confesseur, il accepte de suivre son frère aîné Pierre au petit séminaire, pensant y réaliser son rêve de vie pour Dieu seul. A Saint-Jodard ( 1804-1810), puis à Alix ( 1810-1812), puis à Verrières ( 1812-1813 ), il verra, sous l'influence d'excellents éducateurs, s'affermir ses aspirations au service de Dieu tout en n'acceptant pas encore l'idée du sacerdoce, ce qui le conduit à de nouveaux scrupules. Ses études, malgré l'entrave de nombreuses maladies, sont excellentes et son intelligence s'y affirme. Sur le germe d'une idée de congrégation dévouée à la sainte Vierge chez le petit séminariste Jean-Claude Colin, voir la conférence suivante.
Ainsi donc, vers les dernières années de l'Empire, malgré leur formation inégale et encore imparfaite, ceux dont la Providence entend se servir pour la fondation de la Société de Marie sont prêts à s'y dévouer. Nous essayerons de voir la prochaine fois quand et comment est jaillie l'étincelle qui devait embraser et réunir en une commune ardeur ces bonnes volontés dispersées.